Au Festival de Grignan, la lecture de la correspondance de Pauline Carton et de quelques passages de son livre Les Théâtres de Carton avait éveillé tout de suite une curiosité, tout au moins auprès de ceux qui se souviennent d’elle. Pourquoi ne pas agrandir le cercle ?
Derrière l’éternelle concierge (aussi bien sur les planches que sur grand écran), et sa « voix de canard » d’une exceptionnelle drôlerie, on découvre une femme très sensuelle et féministe sans jamais se prendre au sérieux. Une femme libre. « Je veux bien jouer les concierges et les bonnes de curé, passer le plumeau sur les bibelots du salon, mais en présence d’un cameraman seulement ! »
Théâtre, music-hall, cinéma, télévision, radio, l’actrice populaire a tout fréquenté. « Moi j’aime le théâtre avec ses incohérences, sa poussière, ses émotions magnifiques et ses potins pour concierges. »
Pour raconter la Carton, il fallait une actrice bardée d’humour et d’une grande exigence à l’égard de la langue singulière de Pauline Carton. Christine Murillo a toujours détesté jouer les concierges et les bonnes. Pauline Carton a toujours aimé jouer les bonnes et les concierges. Mais Christine Murillo adore jouer Pauline Carton. Paradoxe encore.
Pauline & Carton, c’est un spectacle léger comme un repas tiré du sac, respectueux de l’écologie puisque tout décor a disparu, n’abusant pas du temps puisqu’en une heure moins quelques « miettes » nous devrions en sortir plus instruits et plus souriants.
Charles Tordjman