J’ai été très touchée par l’implication personnelle de Virginie dans l’écriture de ce spectacle. Il n’y avait qu’une artiste comme elle qui pouvait réussir la prouesse de nous faire rire tout en prenant le pari de rassembler les générations. L’écriture de Virginie a conduit naturellement la mise en scène vers un spectacle théâtral et une scénographie avec un vrai décor. Nous sommes projetés dans l’appartement d’une personne récemment disparue où règne une ambiance onirique et surnaturelle. Il fallait un effet visuel de flottaison, une sensation de suspension dans les airs pour casser tout réalisme. Cet appartement en mouvement, tourne, pivote sur lui-même et apporte un vrai dynamisme qui permet à l’artiste d’en jouer avec beaucoup d’espièglerie. L’intérieur, aux airs de grenier, est rempli d’objets et de meubles étalés de part et d’autre du plateau, que Virginie range, empile en nous plongeant dans ses histoires et souvenirs. L’occasion de donner place à la musique, à l’improvisation, à l’humour physique dont raffole l’artiste et à un florilège de personnages qui tout en rappelant les codes du one-woman-show, permettent au spectacle et à l’histoire continue à suivre son fil rouge. Virginie aime être là où on ne l’attend pas, c’est ainsi qu’elle a voulu un « complice » pour partager la scène – un personnage mi-humain, mi-marionnette – et quitter ainsi la forme du seule-en-scène. Ce mystérieux personnage apparaît, se cache, se glisse dans les coins et recoins et s’amuse autant avec elle qu’avec le public. En parallèle, une ampoule au plafond grésille par intermittence et remonte, de plus en plus haut. Cette lumière, que Virginie cherchera à atteindre tout au long du spectacle, donne l’opportunité de créer une pyramide de caisses et meubles à escalader. On peut voir cela comme une forme d’aboutissement. Après avoir traversé toute une palette de sentiments tels que la tendresse, la joie, l’agacement, arrive le moment où l’on touche du doigt celui qu’on ose enfin affronter, l’émotion.
Johanna Boyé