Microcosme, miroir de nos sociétés, au-delà des cultures et du temps, universelle et complexe, la famille est au cœur de notre réflexion. Lieu de confiance et d’épanouissement théorique, que se passe-t-il dans l’alcôve de ses secrets ? Puisqu’elle est le cocon et la sève de chaque individu, cela devrait être l’endroit de la confiance absolue. Mais quand cette communauté n’apporte pas la solidarité morale et affective dont chaque être à besoin pour s’épanouir, quelles solutions reste-t-il pour se construire ? Peut-on panser ses blessures, sortir du déterminisme et s’émanciper de ces liens qui paraissent indéfectibles ? Dans quelle mesure l’annonce de la mort d’un des membres de cette micro-société peut-elle modifier le cours de l’histoire personnelle de chacun ? Quel est le poids de la filiation dans la construction de soi ? Peut-on réellement se détacher, se délivrer de ce que nous ont transmis nos parents ? Le fait d’avoir soi-même des enfants aide-t-il à couper le cordon ? Le terreau familial, dans lequel on grandit fait ce qu’on est dans un premier temps, le temps où l’on a tout à apprendre et où l’on est persuadé que c’est comme ç partout, que tout est normal, où l’on s’adapte à tout comme vérité universelle. Et puis on trébuche, on souffre, on ne sait pas d’où ça vient, on se cherche, comment les personnes que j’aime le plus au monde peuvent-elles me faire souffrir? Parce que je suis différent ? Je ne rentre pas dans les cases ? Suis-je si inadapté ? Comment faire ce pas de côté pour exister ? Pour respirer ?
Clotilde Daniault